Marie Fizaine nous invite à la rencontre de sa "tante Juliette", une femme de caractère qui tenait un commerce d'outillage à Izel, en Gaume. De cette ancienne maison familiale, elle écrit : "Personne ne peut arriver à décaper les murs intérieurs d'une vieille maison. Le passé y reste accroché avec partout des yeux perçants, qu'il faut supporter devant ou derrière vous. Vivre sans eux, c'est vous exposer à une mort subite. Nous devons apprivoiser. Cela doit être le mot juste."

Marie Fizaine écrit pour apprivoiser le passé au regard perçant. Tante Juliette va lui servir de fil rouge pour conter, avec un subtil talent d'observatrice, la mémoire vivante de cette famille gaumaise, prise dans les tourments de l'Histoire : la guerre 40-45 et l'exode en France, les souvenirs de 14-18 mais aussi la révolution chinoise avec le retour de tante Marie, franciscaine en Chine.

La richesse de ce récit tient dans le lien qui se noue entre la narratrice et ses personnages, tissé à la fois de chaleur humaine et d'interrogation : "Jamais je ne saurai ce qui me liait à cette tante et ce qui m'en séparait, ce qui chez elle, plus qu'avec nul autre, m'interpellait. Il faudra bien que je comprenne que mon propre passé familial qui était le sien, celui de mon père, en était responsable. La famille est à la fois un fardeau, un carcan, et une île à la floraison extraordinaire.Unique."

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