Un endroit parmi d'autres...

Un témoignage sur la guerre à Bastogne.

 

Un jeune soldat jeté dans la Bataille des Ardennes.

 

Fin décembre 1944. Deux jours avant la Saint-Sylvestre. C'était un jour froid et venteux. John W. Fague, un soldat américain de 19 ans, vit son premier jour de Bataille des Ardenne. Un bon demi-siècle plus tard, avec l'aide du cercle d'histoire de Bastogne, il livre un récit personnel, réaliste, à mille lieues des épopées toutes à la gloire de l'armée US.

 

Le premier contact de John W. Fague avec la guerre est lugubre. Dans la campagne de Neufchâteau, son unité croise des ambulances au feu rouge clignotant. Elles transportaient donc bien des blessés. Cela signifiait que là-bas, devant nous, il y avait la guerre. Plus tard, il tombe sur le cadavre gelé d'un aviateur allemand. Les G.I. avaient déjà eu le temps de le détrousser. Quelqu'un lui avait coupé le doigt pour s'emparer de sa bague. Ce fut ma première rencontre avec la mort.

 

Puis les autres « rencontres» se succédèrent : les fuyards américains, l'artillerie ennemie ou l'échec au combat à Jodenville. Cet échec était dû autant à l'inexpérience de nos officiers qu'au fait que la troupe était trop novice. Vint le réveillon de nouvel an, à Chenogne. J'étais là, dans un misérable trou, tremblant, grelottant, à me demander si je vivrais assez vieux pour connaître cette nouvelle année... En tout cas j'allais essayer. Nuit d'autant plus terrible que les ordres étaient : pas de prisonnier ! Le meurtre de prisonniers allemand est une chose terrible et regrettable, commente John W. Fague.

 

L'homme terminera la guerre en mai 45 près du camp de Mauthausen. C'était l'illustration sinistre et parfaite des raisons pour lesquelles nous étions venus en Europe. J'étais très fier d'avoir participé, pour une modeste part, à la destruction finale du Troisième Reich.

 

É. B.