Résumé
Notre monde libéralisé et économiste à outrance a fait du mouvement perpétuel un impératif universel.
Si la vie est un progrès constant, il faut s'y adapter en permanence et tout ce qui ne se transforme pas doit disparaître. Faut-il accepter que tout change autour de nous, qu'il faille impérativement suivre le rythme des mutations d'un monde devenu de plus en plus complexe?
Cette crise que nous traversons collectivement, trouve sa source dans une généalogie très ancienne, celle de notre rapport à l'idée même du mouvement telle qu'elle a été théorisée dans l'Antiquité. Puis, au siècle des lumières, avec l'influence prégnante de la raison et du droit, en concomitance avec des sciences en pleine émergence. Enfin, à l'époque moderne, quand ce mouvement a donné lieu à un sentiment diffus, de plus en plus oppressant, d'un retard dans toutes les stases composantes de nos sociétés par rapport à leur environnement et sur leur avenir.
La manifestation de la rupture, que nous ressentons dans nos vies, s'est aujourd'hui concrétisée par la colonisation progressive du champ économique, social et politique par le lexique biologique de l'évolution et par de nouveaux artifices de l'État (droit, éduction, protection sociale) qui sont conduits de manière à transformer l'espèce humaine et construire ainsi l'hégémonie du marché : une biopolitique en quelque sorte.
C'est cette inquiétude que nous ressentons, le sentiment d'être devenu cet "homme oscillant" dont les évolutions ne trouvent plus de but ou de fin, qu'il nous a paru essentiel de questionner.
Et si ce qui rendait possible le mouvement et ce qui lui donnait un sens ne serait pas toujours de qui demeure?
