Le rêve brisé

Au moment où, au printemps de 1794, François-Joseph Urbain de Marvie, est ordonné prêtre, les troupes révolutionnaires de la jeune république française viennent de remporter une victoire décisive sur les Autrichiens, nos maîtres du moment. Quelques mis plus tard, au son de la Marseillais et du Ça ira, elles descendent la Pavêye de Bastogne.

Accompagne ceux que l'on nomme les sans-culottes un long cortège de calamités : annexion, réquisitions, conscription... Mais dans leur besace, ils apportent aussi le message révolutionnaire au riche contenu d'humanité : liberté, égalité, fraternité, droits de l'homme et du citoyen...

Enthousiasmé sans doute par ce programme novateur, le jeune prêtre jure sur-le-champ haine à la royauté et fidélité à la constitution républicaine. Illico, le nouvel ordre le récompense en le nommant curé de Bastogne, au grand dam de la majorité du clergé, de la bourgeoisie et du peuple. Ils lui feront payer cher son engagement.

Le rêve brisé, ce sont bien sûr les oppositions politico-religieuses que fit naître le régime français, mais c'est aussi le Bastogne de ce temps : la toute-puissance du religieux, l'habileté du commerçant du cru, la lutte pour le pouvoir, la haine corse que se vouent deux crocodiles du Vivier...