Lès grignous

«Et maintenant, écoutez, vous, lecteurs, je rapporte les récits de vieilles gens qui racontaient sans trop de précision. On ne connaît sur ce sujet aucun manuscrit et s'il y en a eu, ils ont été volés ou perdus... D'après les dires des anciens, nous devons nous reporter vers 1760.

Si d'aventure, vous êtes obligé de suivre la route qui va de Nafraiture à Houdremont, vous passerez aujourd'hui par la Chiquetterie. Mais, au temps que je vais évoquer, la Chiquetterie n'existait pas. Par contre il y avait, à Bèlin, une lande située juste à côté, une petite maison qui faisait office de ferme. On l'avait rebâtie après la terrible peste de 1636. C'était une assez petite ferme, mais malgré son apparence modeste, vous allez bientôt découvrir les terribles événements qui y sont survenus et à ceux qui y habitaient, des événements attribués aux Grignous de Louette-saint-Denis.»

En provenance directe de la tradition orale, voici un conte typique des veillées d'autrefois, un récit à suspense étalé en feuilleton sur plusieurs soirées, auquel le narrateur ajoute au gré de sa fantaisie et/ou de son inspiration des épisodes qui font directement réagir l'auditoire. On imagine les rires et plus souvent les frayeurs, les pleurs que ce récit pouvait susciter.